Cher journal,
J’en ai englouti dans mes rêves durant des mois.
C’est une patte magique, une crème qui rend heureux.
Une louchette par-ci et quelques gouttelettes de joie.
Je m’enferme seule et concocte ce mets miraculeux.
Rien de très compliqué, mais rien que pour moi.
J’ajoute un tas d’accompagnement onctueux.
Aucun reste, je finirai les pots, j’engloutirai le plat.
Cher journal,
Pas à pas sur ma voie, pieds nus sur un avenir instable.
Je regarde loin devant et j’ai peur de nous cette fois.
Une longue ligne droite qui semble interminable.
Je me stoppe un instant et m’isole dans le froid.
Des chapitres de ma vie s’accumulent dans mon cœur.
Je prends de l’âge et mon regard se change encore.
Un passé qui s’allongue et réchauffe mon corps.
Je m’inonde de cette arme pour être plus forte, pour être meilleure.
Cher journal,
Installée dans la lanterne de l'automne, au milieu du feu.
Les flammes tombantes m'enlacent et illuminent ma journée.
L'éclat de l'été s'éteint, il est temps de se reposer un peu.
Quelques passants m'accompagnent sur ce doux foyer.
Je les regarde et je vous vois, mes chères amies d'enfance.
Un grand sourire cacahnt leurs âges, une éternelle amitié.
Je les admire et je nous vois durant nos années d'insouciance.
J'espère vous retrouver comme ces gens encore des années.
Cher journal,
Je plongue ma main dans la lumière, mon double, mon image tout entière.
Mon bras s’enfonce dans son corps, je me suis trouvée, mais disparais encore.
Ne tombe pas, garde espoir. Si je glisse, je me retrouverai derrière le miroir.
Je ne serai que l’éclat de notre monde. À attendre que l’on me sorte de l’ombre.
Un autre rayon, peut-être une illusion, une lumière réelle ou une reproduction.
Penche-toi sur moi, approche de l’eau. Embrasse-moi, confondons nos échos.
Cher journal,
Les vagues de la vie m’ont submergé, je me noie.
En manque de temps, d’air pur et surtout de toi.
Je sors de l’eau, envahi de frisson sur mes bras.
C’est la peur de ne plus te revoir, et non le froid.
Je prends le temps, comme cette route devant moi.
Une longue ligne droite qui trace un trait sur le passé.
Je coupe tout, j’embrasse la liberté qui s’offre à moi.
Je disparais un long moment, j’arrive pour t’embrasser.
